Coûts de production "Rien ne va plus" pour la production de plants de pommes de terre
Les producteurs de plants de pommes de terre des Hauts-de-France sont dans le désarroi alors que cette culture représentait un fleuron de l’agriculture régionale. En cause, les prix de l'électricité, du carburant, des phytos et des engrais qui flambent.
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« Nous produisons des plants de pommes de terre depuis 1976, mais je suis très inquiet quant à l’avenir de cette culture, explique Arnaud Dedours, agriculteur à Mouriez dans le Pas-de-Calais. J'ai cultivé jusqu’à 97 hectares de plants il y a deux ans. En 2022, j’ai déjà réduit mes surfaces à 77 hectares. Mais en 2023, il se peut que je descende à 35 hectares. » Pour Arnaud Dedours, les résultats ne passent plus sur le plan économique. Comme beaucoup de collègues des Hauts-de-France, il est dans le désarroi, alors que la production de plants était une fierté de la région.
Le prix des intrants et de l'énergie s'envole
« En 2017, mon coût de production s’élevait à 9 715 €/ha. En 2023, il grimpe à plus de 12 000 €/ha sans exagérer, a calculé Arnaud Dedours. Le coût des carburants a fait un bond de 50 %, celui de l’électricité a été multiplié par deux ! Le poste des engrais est passé de 600 € à 988 €/ha, celui des phytos de 825 à 1 290 €/ha. Comme le prix de vente des plants n’a pas suivi, il peut être plus intéressant de produire des pommes de terre sous contrat pour l’industrie en vrac ventilé, que des plants en caisses, réfrigérés. »
La prise de risque de cette production, très exigeante, n’est plus assez bien rémunérée : « On est en train de démolir un maillon de la filière de la pomme de terre. Ça nous fait mal aux tripes, ajoute Arnaud Dedours. Je n’ai pas envie de jeter l’éponge, et j’essaie de me battre pour trouver une solution car c’est une culture passionnante. Mais je ne veux pas mettre en péril mon exploitation, pour une culture qui n’est plus rentable. »
Aval impacté
« La hausse des charges enregistrée depuis plus d’un an, affecte la filière à tous les niveaux », constate Sylvain Halftermeyer, secrétaire général de la section des plants de pomme de terre à Semae. Le fait que la production de 2022 a chuté de 10 à 15 % en raison de la sécheresse augmente encore le prix de revient des plants.
« Sachant que le coût des plants représente jusqu’à un tiers du coût de production de la pomme de terre, c’est toute la filière de l'aval qui va être impactée en 2023, indique-t-il. Les collecteurs rencontrent déjà des difficultés pour répercuter équitablement les hausses de prix du plant et de leurs propres charges à leurs acheteurs français comme à l’exportation. »
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